Le commerce des arts d’Afrique noire

Cet extrait que je vous partage est issu du livre un nouvel or noir de Phillipe Baqué journaliste de terrain qui a fait la rencontre de Raoul Lehuard un ethnographe, spécialiste du bassin des Moyen et bas Zaïre. Il l’a rencontré en 1993 pour un entretien dont Raoul Lehuard a pris le temps de raconter les anecdotes de son père sur le terrain en 1920, son père était l’un des premiers collectionneurs d’art africains.

Il récolta la plupart des statues qu’il ramena en France sur des tas de détritus jetés derrière les cuisines. Ces “fétiches” avaient été écartés de leur sanctuaire pour avoir perdu leur force. Que serait-il advenu de ces bonshommes de bois? Ils auraient été détruits petit à petit par les xylophages. Par la suite, sachant que mon père recherchait les statuettes, les Congolais venaient lui apporter celles dont ils voulaient se séparer et recevaient toujours un paiement.

Pour sauvegarder ces objets cultuels et se les approprier, le père de Raoul Lehuard ne dut pas affronter les menace des termites, hantise des actuels marchands “sauveurs de l’art universels”, mais d’autres facteurs de destruction bien plus efficaces : “les administrateurs comme les religieux ont brûlés des pyramides de fétiches et des masques dans tous les villages où ils ont eu à exercer leur autorité”, racontait Raoul Lehuard.

Les curés faisaient ça pour attirer de nouvelles âmes vers Dieu. Les administrateurs, pour alimenter les chantiers en main d’œuvre. Chacun avait son intérêt mais le résultat amenait tout le monde vers une seule et même chose : on était en train de détruire l’appareillage magico-religieux de ces populations. Mon père récupérait les plus beaux objets avant qu’on n’y mette le feu.

Très jeune, inspiré par son père, Raoul Lehuard fut pris d’une passion pour ces objets présentés à l’époque comme des “fétiches” et il débuta une collection qu’il enrichit au fil des ans. Il devient l’un des principaux collectionneurs d’art africain et acquit une parfaite connaissance du marché.

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