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Mythe africain de la création de l’homme et de la femme par le peuple Kongo
En ce temps-là, vivait dans l’Univers, un être unique qui s’appelait Mahungu, c’est-à-dire l’Etre complet en lui-même, total, parfait, clos. Effectivement Mahungu était le sommet de la perfection. Il vivait en parfaite harmonie avec toutes les choses créées, ne connaissant que joie et bonheur permanents, ignorant jusqu’à l’existence de la souffrance et de la douleur.
Mahungu possédait tous les pouvoirs, toutes les forces contraires : il pouvait de son souffle violent, provoquer la tempête et l’ouragan ; de son souffle léger, soulever une douce et apaisante brise. Etre de parfaite synthèse, il pouvait créer ou détruire, faire naître ou mourir. Mahungu n’était ni homme ni femme. Mais, en sa qualité d’Etre complet, il contenait l’Homme et la Femme. Il devait être hermaphrodite.
Un jour, Mahungu vit germer non loin de son habitation un arbre connu, sous le nom de l’Arbre-divin. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui “palmier”. L’Etre suprême lui interdit de s’en approcher, et surtout de le contourner. Mahungu obéit pendant quelque temps. Mais un jour, poussé par une curiosité irrésistible, il s’approcha de l’arbre et en fit le tour.
Aussitôt, l’Etre complet se scinda en deux et devient entités distinctes : Lumbu, l’Homme ; et Muzita, la Femme. En même temps s’imposèrent dans l’homme et dans la femme la souffrance et le sentiment de ne pas être complets. L’homme voulut retrouver ses attributs féminins qui l’avaient quitté, la femme voulut retrouver ses attributs masculins. Ils se dirent : recontournons l’arbre en sens inverse, peut être arriverons-nous à retrouver notre état initial. Ils refirent donc le chemin. Mais, arrivés au point de départ, ils constatèrent qu’ils restaient toujours deux et ne réussissaient plus à former un “Etre unique”.
La souffrance, l’imperfection et le sentiment d’être incomplet s’installèrent définitivement en eux, en même temps que la nostalgie de leur Unité perdue. Ils sentirent ainsi fortement le besoin l’un de l’autre et, lus ils se rapprochaient, plus s’adoucissait le sentiment d’être incomplet, mais plus aussi grandissait ce besoin d’être étroitement l’un avec l’autre, jusqu’au jour où les parties différentes de leurs corps s’emboîtèrent, s’accordèrent, les faisant revenir, l’espace d’un instant, à leur état primordial de Mahungu.
Ils répétèrent plusieurs fois ce rapprochement sans jamais arriver à faire durer ni à maintenir ce moment de l’Unité parfaite. Mais de cette union naquit un autre être semblable à eux et qui, sans être l’Etre complet parfait pour lui-même, reste le symbole de la tentative de l’homme et la femme pour retrouver leur Unité initiale”.
Source : La puissance du sacré par Cl. M. Faîk-Nzuji page 117