Mythe africain de l’origine sacrée des statuettes par le peuple Luba

Après que le ciel se fut séparé de la terre, les hommes s’installèrent vaille que vaille sur la terre encore déserte : les uns dans la vallée, les autres dans la plaine, d’autres encore sur les flancs des montagnes ou au bord des cours d’eau. Parmi eux maux et souffrances de toutes sortes : maladies, famine, homicides, querelles entre parents, vols…

Voyant cela, Ngoy, le grand génie, alla trouver Nkulu, le Génie primordial, dans l’intention de plaider la cause des hommes. Celui-ci l’écouta. Car Ngoy, comme son nom l’indique, était le génie “qui parachève”, “celui qui fait cesser les imperfections”. Nkulu plongea dans le lac Kisale, sa demeure, et en sortit avec une statuette taillée en bois qu’il remit à Ngoy :

  • Rapporte cet objet. Il est le bwanga, c’est-à-dire le remède qu’attendent les hommes pour soulager leurs maux. Dis-leur d’en sculpter plusieurs semblables que tu me ramèneras ici. Celui-ci est un modèle”.

Ngoy partit avec la statuette et la confia au devin, afin que celui-ci en façonnât d’autres. Le devin travailla sans relâche, jours et nuits. Au bout d’un certain temps, il remit à Ngoy un grand nombre de statuette de différentes formes et grandeurs. Ngoy les rapporta au Génie primordial comme celui-ci le lui avait demandé.

Nkulu dévoila alors à Ngoy les paroles magiques susceptibles d’animer ces statuettes et de les doter d’un pouvoir de guérison. Il lui apprit les vertus des plantes et la nature des ingrédients dont il fallait imprégner les statuettes afin de les maintenir en contact permanent avec lui-même et avec les autres génies du cosmos.

Comme, parmi les ingrédients, il y avait les osselets des morts, Nkulu estima qu’il était bon pour les hommes d’être protégés par tous, c’est-à-dire par lui-même, par les génies de la nature et par les morts devenues les ancêtres. Il convoqua donc ces derniers, les déclara messagers de sa puissance et leur ordonna d’assurer, avec les génies, la protection des vivants.

Voilà pourquoi, depuis les temps immémoriaux, les hommes fabriquent des statuettes-bwanga pour soulager leurs souffrances et pour rester en contact avec Nkulu, leur bienfaiteur.

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